Philippe Sollers, Centre, roman, éditions Gallimard, mars 2018

 

 

 

Nora, 40 ans, est psychanalyste. Son amant, un romancier français controversé peu nobélisable, s’intéresse de près à Freud et à Lacan. Il veut aussi comprendre pourquoi, récemment, contre toute attente, Paris est brusquement redevenu le centre d’un monde secret et nouveau.

 

Ph.S.

 

 

Centre de Philippe Sollers

Entretien


«C’est maintenant l’œil du cyclone, au centre du tourbillon. Tout est d’un calme si extraordinaire que je n’ai plus rien à comprendre. Quelques phrases d’autrefois traînent encore, mais elles ne s’inscrivent pas, ma main les refuse. La seule vraie couleur est le blanc.»

De quel « centre » s’agit-il ?


Ph.S. : - C’est le centre métaphysique, celui qu’évoque Pascal : «une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part», ce qu’on peut aussi renverser en «une sphère dont la circonférence serait partout et le centre nulle part»… Est-ce également un centre spatial ? Ce centre se situerait alors dans le temps et, d’une façon très étrange, il m’est apparu qu’il y avait un savoir central, qui serait peut-être le savoir absolu de Hegel.


La psychanalyse est au cœur du roman, avec le personnage de Nora et surtout avec Freud et Lacan…


Freud et la psychanalyse représentent un décalage par rapport à ce qui était antérieurement tenu pour le centre. Le sujet change sa position, ce qui a eu des effets considérables. Tout cela reste d’ailleurs à ranimer pour que la psychanalyse ne soit plus ce qu’elle est devenue, c’est-à-dire une simple routine d’accompagnement autour d’un cercle qui n’est plus un centre.


Et Lacan ?


Arrive, alors que la psychanalyse est déjà falsifiée notamment par Jung, un Français, au demeurant fort étrange, qui la remet dans une situation polémique : après Freud, le Juif athée, Lacan, le catholique subversif. Lacan était un personnage éblouissant qui découvrait sa pensée en parlant. Cette liberté de parole s’oppose à la crainte qu’une parole singulière s’exprime.


En quoi l’expression d’une « parole singulière » dérange-t-elle autant ?


C’est la découverte de la singularité humaine, qui n’est pas faite pour le « faire ensemble ». Quel blasphème ! Il n’y a pas d’inconscient collectif, il n’y a pas de «mise ensemble» possible. L’hostilité, la coalition contre la psychanalyse est un phénomène politique très important.


Où en sommes-nous avec l’hystérie ?


Freud et Lacan voulaient savoir ce qu'est l’hystérie, ce phénomène massif, durable, qui change de forme en permanence, mais reste omniprésent comme socle de l’aventure humaine.  C’est en prenant au mot les hystériques que Freud est devenu lucide. Mais cette lucidité n’est pas évidente : prenez l’actualité par où vous voulez, vous serez comblé en matière de symptômes hystériques.


Vous écrivez, «Paris est brusquement redevenu le centre d’un monde secret et nouveau». Pouvez-vous en dire plus ?


Paris a été le centre de la seule révolution en profondeur, et capitale, de l’humanité. On l’appelle Révolution française, mais elle est avant tout parisienne. Les phénomènes révolutionnaires m’intéressent par définition, mais celui-là revient sans cesse en boomerang, au point que de falsifications en atermoiements et en raccommodages, on ne sait plus très bien où s’est situé l’épicentre de ce phénomène.

La Révolution française n’est nullement terminée, elle continue, mais tout est fait pour vous empêcher de le savoir.


Composé de courts paragraphes percutants, le roman semble construit pour ébranler les certitudes du lecteur ?


Je crois que nous sommes dans une période de grand danger réactionnaire. Freud avait révélé ce qu’on ne veut pas voir : l’hystérie, la pulsion de mort… Il faut plus que jamais s’en référer aux écrivains qui sont sur la crête de la lucidité : Voltaire, Sade, Baudelaire, Lautréamont, Rimbaud, Proust, et enfin Céline, ce maudit. Tous ces écrivains ont un rapport avec ce que j’appelle la vérité. Attention, la vérité peut être enchantée ou cruelle ! Là-dessus, il y aurait beaucoup à dire, mais ce n’est pas facile, tellement l’hystérie est présente. Ce roman est malgré tout très clair.


Bulletin Gallimard n°522, mars 2018

Entretien réalisé avec Philippe Sollers à l'occasion de la parution de Centre.
© Gallimard

 

 

 

Photo: Francesca Mantovani © Éditions Gallimard

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Sollers n'est pas couché, 14 avril 2018

 

L'oiseau Sollers, par Anthony Palou

Le Figaro du 16 avril

 

 

 

Philippe Sollers, Transfuge  2018 photo Franck Ferville
Photo © Franck Ferville
Transfuge, Mai 2018, Entretien avec Vincent Roy

 

 

 

Philippe Sollers dans le Quotidien de Yann Barthès pour son nouveau roman Centre, 15 mars 2018

 

 

 

Photo: Francesca Mantovani © Éditions Gallimard

«La mauvaise littérature est profondément sourde, d’où l’enthousiasme qu’elle suscite dans la surdité générale du marketing »

L'INTERVIEW, PUTSCH, Mars 2018

 

 

 

 
 

Sherlock Sollers et la psychanalyste
Par Mathieu Lindon - Libération du 10 mars 2018

 

 
 
par Philippe Lançon, Charlie Hebdo, du 21 mars 2018  
   

 

 

Adèle Van Reeth - Livres & Vous, 15 juin 2018
Au Centre de Philippe Sollers
 

 

 

Philippe Sollers, Centre, Boomerang, France inter 16 avril 2018

BOOMERANG

Philippe Sollers est l'invité d'Augustin Trapenard

France inter, 16 avril 2018

 

Frédéric Pagès, Le Canard enchaîné du 14 mars 2018

 

Philippe Sollers post-monde par Aliocha Wald Lasowski, art press, mai 2018

 

Digression, Anthony Palou, Le Figaro du 8 mai 2018

 

Jean-René Van der Plaetsen Le Figaro Magazine du 13 avril 2018

 

 

 

Un monde de livres de Josyane Savigneau, avec Philippe Sollers et Vincent Roy 29 mars 2018

 

 

Centre de Philippe Sollers

par Philippe Chauché, La cause littéraire

 

 

 

 

Philippe Sollers dans Conversations d'Anna Cabana, sur i24News, jeudi 10 mai 2018.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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