Philippe Sollers

     
     

Julia Kristeva ???? ????????

Julia Kristeva

 

 Post-scriptum du « cas Kristeva »

par Koprinka Tchervenkova

 

 

 

Avant d’en arriver au post-scriptum, je dois tout d’abord entrer dans le vif du sujet. Le vendredi 30 mars, j’ai été invitée par la radio nationale à commenter la publication du dossier secret de Julia Kristeva. Voilà en résumé ce que j’ai déclaré à l’antenne :

 

-     premièrement, ce cas est une farce et il constitue le énième échec de la Commission dite des dossiers, mais surtout, de la loi médiocre qu’elle applique ;

-     ce qui a été publié ne prouve qu'une chose et c'est la stratégie personnelle de Kristeva visant à épargner aux membres de sa famille restés en Bulgarie les ennuis qui les menaçaient. Car si elle avait été qualifiée d’« émigrée définitive », d’ennemie du peuple, et j’en passe, les complications pour ses proches auraient été inévitables. Au nom de sa famille, elle a essayé d’entretenir, avec les autorités bulgares, des relations correctes que l’on pourrait qualifier de tout sauf de collaboration d’agent ;

-     tout cela crève les yeux, même au lecteur non prévenu. Mais visiblement pas aux membres de la commission. Les conversations mondaines et les comptes rendus de la presse française que Kristeva « file » aux services secrets bulgares sont qualifiés par les membres de la commission de « renseignements d’agent ».

- et tout cela est arrivé car un certain flic du DeliormanEvtim Kostadinov, et sa société affiliée sont devenus arrogants au point de vouloir frimer en Europe car la Bulgarie ne leur livre plus un terrain qui soit à la mesure de leurs ambitions ;

-     au final, j’ai exprimé mon espoir que le scandale suscité par la publication du dossier secret de Julia Kristeva débouche un jour sur quelque chose de positif : que cette loi soit enfin déchirée et jetée dans la poubelle la plus proche. Et que l’on pense (si jamais il y a encore quelqu’un qui pense dans ce pays) à fonder un Institut de la Mémoire où travailleraient des gens sérieux et non des clones d’Evtim Kostadinov et des actuels membres de la commission.

 

Telles furent, en somme, les grandes lignes de mon intervention à la radio. Venons-en à présent au post-scriptum.

La publication de ces dossiers, en plus d’avoir profondément satisfait l’esprit provincial de la « cabale » locale en lui fournissant un terrain pour ses exercices amateurs sur la biographie de Kristeva, a eu une retombée extrêmement importante : elle a dévoilé les mécanismes, les principes – ou plutôt l’absence de principes – de travail de la commission. Elle a démasqué le volontarisme des jugements et la perte de toute sensibilité à l’endroit de chaque cas individuel. Elle a montré la façon dont quelques personnes choisies au hasard décident qui devrait être exposé au grand jour et qui non. Et cela nous incite à nous demander combien de décisions aussi irresponsables et dangereuses ont été prises, jetant l’opprobre sur la vie de nombreuses personnes.

C’est pourquoi je vais le répéter encore une fois : cette loi est à mettre à la poubelle comme la commission tout entière.

 

Koprinka Tchervenkova

Kultura, n°13 du 6 avril 2018

 

 

Koprinka Tchervenkova est rédactrice en chef de l’hebdomadaire bulgare Kultura.

 

 

 

 

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