Sommaire

Philippe Sollers	Éditorial
	L'infini de Pascal
	Étonnant Confucius
	Lautréamont au laser
Michaël Ferrier	Histoire de Jeanne Duval
Valentin Retz	Double
Olivier-Pierre Thébault	Les Voyageurs du Temps
Julia Kristeva	Fleur de Chine
Jean-Jacques Schuhl	Entrée des fantômes
Bernard Dubourg	À propos de Judas
Franz de Haes	Malachie, les fils de Lévi et le peuple
	Le Livre de Malachie

Rien de plus étrange aujourd'hui, que d'ouvrir les Pensées de Pascal et de s'arrêter un moment sur les passages les plus célèbres. Célèbres? Vraiment? Sommes-nous sûrs de savoir les lire? Avons-nous, pour cela assez d'imagination? Le somnambule actuel, intoxiqué d'informations et d'images, a tendance à s'endormir dès qu'on lui rappelle sa condition.

Philippe Sollers, L'infini de Pascal

 

Dès 1967, je mettais en rapport l'écriture de Lautréamont avec une autre logique que celle de la métaphysique occidentale - c'est-à-dire avec la pensée chinoise. Je méditais sur la "Grande Ressemblance" et la "Petite Différence", ou au contraire sur la "Petite Ressemblance" et la "Grande Différence". C'est à partir de là que j'ai saisi la non-contradiction de ces deux textes apparemment contradictoires : Les Chants de Maldoror et les Poésies. (...)
Le nom qui signe cette œuvre étrange, est-ce vraiment Lautréamont ou bien Isidore Ducasse? Si on choisit la première option, il ne faut pas oublier le titre de noblesse: il s'agit du comte de Lautréamont, qu'on peut éventuellement relier avec Isidore Auguste Comte, le fondateur du positivisme, auquel adhérait le père d'Isidore Ducasse. Mais fixons notre attention sur le titre, pris dans la hiérarchie nobiliaire. Dans la littérature française, vous avez le Marquis de Sade, qui en réalité était comte. Vous avez le duc de Saint-Simon et le vicomte de Chateaubriand. Et surtout il y a le comte Joseph de Maistre. N'oubliez pas ce que dit à son propos Baudelaire: "Edgar Poe et Joseph de Maistre m'ont appris à raisonner." Je pose comme hypothèse que le comte de Maistre a existé pour le comte de Lautréamont.
Pour rester dans la hiérarchie nobiliaire, Isidore Ducasse n'ignore pas qu'il est un hibou, c'est-à-dire un grand-duc. Ne qualifie-t-il pas ainsi son style: "Un hibou sérieux jusqu'à l'éternité" ?

Philippe Sollers, Lautréamont au laser

 

Je brûle de peindre celle qui m'est apparue si rarement et qui a fui si vite, comme une belle chose regrettable derrière le voyageur emporté dans la nuit. Comme il y a longtemps déjà qu'elle a disparu! Elle est belle, et plus que belle; elle est surprenante. En elle le noir abonde: et tout ce qu'elle inspire est nocturne et profond.

Baudelaire, préface des Petits Poèmes en Prose

 

Dans la Cité interdite, sous le soleil du printemps, je contemple la beauté de Hua, en français Fleur: Fleur de Chine

Julia Kristeva, Fleur de Chine